Arrivé le 24 novembre 2015 à Antananarivo, j’étais chargé d’une mission en informatique auprès d’établissements scolaires à Antananarivo, Fandriana , Ambatofinandrahana, Nosy-Varika et Fianarantsoa :
- conseil auprès des enseignants en informatique et contact avec les chefs d’établissements,
- dépannage et installation d’ordinateurs,
- étude d’un projet pour la formation des jeunes enseignants et religieuses.
J’ai partagé la vie des communautés des frères de Saint-Gabriel et des sœurs Jeanne-Delanoue pendant 3 semaines.
Chez les frères
Au collège d’Antsobolo (Tana), j’ai rencontré le professeur d’informatique et travaillé avec lui à la restauration de quelques ordinateurs. Il gère bien sa salle malgré un parc très vétuste et insuffisant vu le nombre d’élèves.
Au lycée de Fandriana, avec la professeur d’informatique, nous avons installé et configuré des ordinateurs récupérés dans des collèges de Bretagne en remplacement d’anciens PC obsolètes. La salle compte maintenant 27 unités homogènes. Toutes les classes de la sixième à la terminale suivent avec beaucoup de plaisir des cours de bureautique.
Chez les sœurs
Le 3 décembre, j’ai commencé par le collège d’Ambatofinanadrahana. Pendant 3 jours, avec sœur Joséphine et sœur Emma, nous avons installé et configuré une douzaine d ‘ordinateurs envoyés par l’association et vérifié les 20 autres unités. L’alimentation en électricité nous a souvent fait défaut, il a bien fallu s’adapter !
Avant mon départ, sœur Marie-Lucienne, nouvelle directrice du collège de Nosy-Varika, avait beaucoup insisté pour que je me rende dans son établissement. Elle était désespérée, plus rien ne fonctionnait.
Le problème pour moi tenait surtout dans l’éloignement de cette école. Il faut 2 jours pour se rendre sur place. J’ai dû faire un choix et remettre à plus tard mon déplacement au noviciat de Fianarantsoa.
Nosy-Varika se situe sur la côte Est de Madagascar, coincée sur un cordon littoral entre la mer et le canal des Pangalanes. C’est une zone reculée car l’ancienne piste de latérite est devenue impraticable. Le seul accès est par bateau en remontant le canal A cause de l’éloignement et le manque de communication, l’activité économique est inexistante. En passant devant les villages, on ne peut manquer de remarquer l’ampleur de la pauvreté : habitants désœuvrés réduits à regarder les pirogues passer, habitations délabrées, abords du canal pollués par les détritus et sacs plastiques, pas d’adduction d’eau ni d’assainissement (l’eau trouble du canal sert pour l’alimentation)… La nourriture est composée exclusivement de riz et de petits poissons d’eau douce.
Avec sœur Emma et sœur Joséphine, nous avons consacré ma dernière semaine de mission pour cette tâche.
Départ tôt lundi matin d’Ambato pour arriver, après 13 heurs de taxi-brousse, à la communauté de Manajary où les sœurs nous attendaient éclairées à la bougie, le courant étant coupé depuis 3 jours.
Puis le mardi, embarquement dans la pirogue pour Nosy-Varika où nous arrivons après 11 heures de bateau-brousse inconfortable où s’entassent pêle-mêle passagers, marchandises, volailles, vélos, motos, bidons de carburant…
Soeur Marie-Lucienne nous attendait sur la berge et nous a accueillis chaleureusement.
Les mercredi et jeudi, nous nous sommes mis à la tâche. Comme souvent dans les villages isolés de Madagascar, la compagnie électrique ne fournit de l’énergie que l’après-midi (pas forcément au moment où il y en le plus besoin). Heureusement, Sœur Marie-Lucienne s’est démenée pour me trouver un groupe électrogène.
Hélas, grosse déception en arrivant dans la salle informatique : la tension du secteur étant très irrégulière, 3 alimentations étaient grillées, panne également sur des cartes-mères et des disques durs. Jai réussi à réinstaller 7 ordinateurs car je n’avais pas assez de pièces de rechange pour faire plus et il ne faut pas espérer pouvoir en trouver sur place. J’aurais tant souhaité mieux réussir, mais ici tout est compliqué, vous n’avez rien à moins de 2 jours de déplacements.
Le retour s’est déroulé comme l’aller, 2 jours aussi fatigants.
Un pays d’une pauvreté croissante
C’était ma quatrième mission à Madagascar. Je connaissais la pauvreté du pays et notamment celle des régions où j’avais l’habitude de me rendre. Mais sur la côte est, je ne m’attendais pas à une telle ampleur.
L’isolement de la population, l’absence de voie de communication, la carence et la corruption des pouvoirs publics, le désœuvrement d’une population jeune, explique sans doute cet état de fait.
Malgré tout, il y a des raisons d’espérer
Les communautés religieuses que j’ai visitées font un travail remarquable aussi bien auprès des populations environnantes que dans le domaine de l’éducation.
Leur action dans l’enseignement de l’informatique ouvre des perspectives d’avenir aux jeunes.
Sans cet engagement, ces élèves issus de villages de brousse sans électricité, qui n’hésitent pas à parcourir des longues distances pour se rendre à l’école, n’auraient jamais accès aux nouvelles technologies.